L'oasis, 2012-2013
Cela pourrait être un petit site du littoral, en haute saison. Mais ici, il n'y a justement pas la plage. Les estivants habitent les villages voisins. A deux pas de chez eux, au cœur d'une campagne plate et boisée, ils s'inventent de nouvelles habitudes de bord de mer.
Les familles apportent leurs glacières et leurs barbecues, les amoureux se cachent entre les feuillages des trembles, les pêcheurs campent sur des îles. Les ados font du rodéo sur leurs mobylettes. Les plus téméraires d'entre eux se retrouvent au «Saut de la mort», lieu tenu secret, caché au cœur de la forêt entourant les étangs. Pour seul décor urbain, une baraque à frites.
A la frontière de la Sarthe, de la Touraine et de l'Anjou, sur cette zone géologique nommée "La Mer des Faluns", des entreprises creusaient des carrières pour en extraire justement le falun, sable calcaire typique de cette région. Dans les années 80, les carrières implantées sur la commune d'Hommes se sont remplies d'eau. Une oasis était née, dessinant un nouveau paysage.
Originaire d'un village voisin, je suis souvent revenue me baigner dans ces lagons d'un bleu laiteux, où enfant je passai mes étés. J’ai voulu retrouver les visages, les atmosphères, enfouis, de mon adolescence. Faire renaître mes souvenirs, aux allures de congés payés.
Par petites tribus isolées dans des îlots de nature, j’ai suivi les adolescents, ces petits hommes d'Hommes : leurs jeux d’eau, leurs défis, leurs amitiés et leurs silences. Sous des lumières douces au zénith ou filtrant à travers les feuillages, je me suis attachée à saisir les signes de ce rite de passage qu'est l'adolescence dans ce contexte particulier de l'été et des baignades, dans ce décor charmeur et insolite.